Glanée sur le Web.
Une tribu d'hommes des cavernes... Modernes
Les annales de l'imposture fourmillent de récits de faux témoignages d'époques anciennes, en général sous la forme de fossiles fabriqués ou de pierres bricolées. Mais l'on n'a sans doute présenté qu'une seule fois une tribu entière d'être vivants comme une relique du passé: C'était en 1972 aux Philippine et il s'agissait des Tasaday.
D'après Manuel Elizalde, jeune fonctionnaire de l'ex-gouvernement Marcos chargé de la protection des minorités indigènes, le chapitre moderne de la longue histoire des Tasaday aurait commencé d'en 1971 lors d'une visite à la tribu agricole des Blit Manubo, dans l'île de Mindanao. Un certain Dafal, raconta-t-il plus tard, aurait mentionné une petite tribu voisine fort ancienne. Ses membres vivaient dans des grottes de la montagne, équipé des plus rudimentaires outils de l'âge de pierre, subsistaient péniblement des produits de la forêt tropicale. Ils ne cultivaient pas la terre, n'avaient pas de vêtements, pas d'armes, pas même d'animaux domestiques. Il en était probablement ainsi depuis des siècles, poignée de survivants d'une époque qui partout ailleurs avait pris fin des milliers d'années plus tôt.
En 1972, Elizalde révéla au monde l'existence de ce peuple en amenant par hélicoptère un groupe de journalistes et de spécialistes des sciences sociales jusqu'au domaine des Tasaday. Ils y trouvèrent vingt-six membres de la tribu vivant comme devaient le faire les humains des milliers d'années auparavant. Ils portaient des cache-sexe en feuilles et se nourrissaient d'asticots, de racines et de fruits sauvages. A une époque compliqué où l'on aspirait à revenir à une vie plus proche de la nature, on se trouvait en présence d'êtres qui ne l'avaient jamais quittée qui vivaient en communauté dans une sorte d'éden. Un anthropologue les baptisa "Paléohippies." Les Tasaday connurent immédiatement un énorme succès. Le National Géographic leur consacra sa couverture et la chaîne de télévision NBC offrit $50,000.00 dollars à Elizalde pour tourner un documentaire. Suivirent des livres, des articles de journaux, des études linguistiques. Puis, aussi soudainement qu'ils y avaient pénétré, les Tasaday disparurent du monde moderne. En 1973, le gouvernement philippin fit de leur montagne boisée une réserve de près de 20,000 hectares; en 1974 fut instaurée la loi martiale, qui ne fut levée qu'à la chute du régime de Marcos en 1986
Cette année-là, le journaliste suisse Oswar Iten revint aux Philippines pour revoir les seuls représentants de l'âge de pierre vivant encore sur la planète. Les grottes étaient vides et il retrouva les vingt-six Tasaday parmi les villageois appartenant aux tribu Manubo et Tboli. Les prétendus primitifs pratiquaient maintenant l'agriculture, dormaient sur des lits de bois dans des huttes et avaient abandonnée le cache-sexe pour le t-shirt et le short. Selon Iten, un des ex-Tasaday avoua qu'Elizalde leur avait demandé de jouer les hommes des caverne.
Belle mystification!
La plupart des anthropologues en convinrent. Certains firent remarquer que, pour survivre isolée, une population humaine doit compter au moins quatre cents individus afin d'éviter l'inceste, tabou insurmontable dans toutes les sociétés; un groupe de deux douzaines de personne aurait disparu bien avant leur découvertes en 1971. D'autres firent remarquer que la forêt tropicale offre si peu de ressources que même les tribus les plus primitives qui y vivent sont obligées de se livrer à la culture pour améliore leur régime et, les outils de pierre étaient une plaisanterie. Plus significatif encore, les Tasaday paraissaient n'avoir produit aucun déchet pendant les siècles qu'ils avaient passés dans les grottes.
Plus personne ne croit que les Tasaday sont restés isolés durant des milliers d'années, mais une faible minorité de savants maintient qu'ils représentent une vieille tribu isolée depuis longtemps. La linguiste Carol Molony, de l'université de Stanford, affirme par exemple qu'ils possèdent leur propre langue, encore que très voisine de celles des autres tribus, et l'on n'y trouve pas les mots d'espagnol qui se sont infiltré dans les autres langages des Philippines. Elle souligne en outre qu'une mystification aurait imposée des primitifs de s'exprimer en un langage inventé et de jouer leur rôle pendant des semaines. Il est irrationnel de penser qu'on aurait pudeur apprendre de telles choses, conclut-elle.
Qu'ils aient été vrais ou aient participé à un canular, les Tasaday ont abandonné leur habitudes ancienne et n'ont nulle envie de vivre à l'âge de pierre.